Mon depart d’Egypte

Qui a passe par l’experience de la “feuille de route” pour pouvoir sortir de l’Egypte sans retour naturellement?

By: Renee Antebi

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 Renee Antebi

J’etais sur la fameuse liste noire et j’ai du acheter ma feuille de route sous un autre nom : Renee Reno. (J’ai garde ce nom pour un an jusqu'à mon arrivee en Israel ) Il y avait un marche noir des faux papiers a cette periode que l’on obtenait par des personnes qui etaient en contact avec les autorites. Je ne donne pas les noms de ceux qui se sont enrichi grace a ca car je connais leurs enfants et, je crois qu’ils n’ont jamais rien su de ce trafic.

Des que j’ai obtenu ce permis de voyage j’ai reussi a avoir mes billets sur le bateau « Pace » dans les cales car je ne pouvais pas me permettre autrement.

Bon, j’avais les billets. Les seuls au courant etaient ma famille. Je ne pouvais pas faire mes adieux a mes amis car tout etait secret. Avec l’aide de Maman, j’ai prepare une grande malle contenant des habits, draps, etc… et pour etre plus tranquilles nous avons charge un dedouanneur de la faire parvenir au bateau. Je n’ai naturellement pas pu prendre mon acte de naissance ni tous mes papiers officiels. (J’ai fait la betise a mon arrivee en Israel de donner mes dates veridiques au lieu de m’oter quelques annees ! Si jeunesse savait),

Renee AntebiLe 16 septembre 1951 je quittais le Caire pour Alexandrie avec une toute petite valise. J’ai passe la nuit chez des amis qui pensaient que je venais en visite. Le lendemain je pris un taxi pour le port ou j’ai eu quelques emotions a cause de mes faux papiers… Mais a la fin je me suis trouvee sur le chemin de la France. Cette petite valise etait mon seul bien car, naturellement, ma malle n’a jamais connu la Mediterranee ! Je n’ai pas dormi dans la calle du bateau car c’etait trop etouffant. Elle etait pleine de familles et d’enfants. Bruyant et chaud… Je m’enveloppais d’une couverture et dormais sur le pont. Un matin je me suis levee trempee car les marins nettoyaient le bateau avec des jets d’eau et, j’ai du, au milieu de la nuit rouler sur une des rigoles sans le realiser. On nous appellait a manger avec une cloche et nous nous mettions a la queue pour recevoir dans une gamelle un melange méconnaissable. Des chaines nous separaient de la classe touristique (Ce qui ne voulait pas dire que je ne reussissais pas a m’infiltrer pour danser le soir dans la grande salle) A Marseille il y avait quelques camps pour accueillir les immigrants venus des quatre coins du globe. (La plupart du Maroc et de l’Egypte) Ces camps etaient diriges par des « Madrikhim ». Les conditions hygieniques etaient horribles. Je n’ai jamais approfondi ce sujet mais, autant que je sache, la « JOINT’ etait en charge financierement. Feu mon mari avait dit une fois que si tout l’argent qui avait ete donne afin d’aider les juifs a cette periode aurait ete depense rien que dans ce but, nous aurions tous vecu dans des maisons en or. Malheureusement il a servi a enrichir quelques personnes a nos dépens.

Je n’ai connu que deux camps : Arenas et la Villa desTilleuls. Mon groupe a passe deux jours a Arenas et de la nous avons ete a la villa des tilleuls. Nom romantique aux connotations pittoresques. Pas ainsi malheureusement ! Grand hangar avec une vingtaine de lits presque colles l’un a l‘autre, froid glacial, toit troue qui laissait passer la pluie. J’ai dormi toute pelotonnée en mettant mon parapluie sur la tete ! Apres quelques jours nous sommes partis pour la « Hakhshara » (Vie de ferme pour la preparation a la vie de Kibboutz ) Mais ceci est une autre histoire…