Présidente: Levana Zamir
Chers amis,
La participation très nombreuse (320 participants) à la journée de Témoignages de "L'Exodus du 20ème Siècle" des Juifs d'Egypte, qui eut lieu le 7 Février 2007 dans la grande Salle de Beith-Ha'hayal à Tel-Aviv, vient marquer une fois de plus le besoin que notre Communauté ressent ces dernières années, à se retourner sur son Passé.
Le but cette fois-ci, était de receuillir les témoignages douloureux de notre "Sortie d'Egypte", comme elle a été vécue par chacun des participants. Aussi, la prise de conscience qu'il n'existe pas qu'un seul groupe de refugiés – les Palestiniens – mais aussi un second groupe: celui de près d'un million de Juifs sortis des pays arabes, et parmi eux les Juifs d'Egypte.
Il est vrai que nous avons trouvé en Israel une seconde Patrie, et que la seconde génération a finalement réussi à se rétablir dans un pays ou les Juifs Orientaux n'ont jamais été les favoris du Pays – mais il n'en est pas moins vrai que le monde de nos parents avait croulé du jour au lendemain, que nous sommes tous devenus des refugiés et que plusieurs d'entre nous ont été jetés en prison pour la seule raison d'etre Juifs.
Malgre le sujet quelque peu sérieux, la bonne humeur à l'Egyptienne pris le dessus et l'atmosphère des retrouvailles était des plus gaie. La grande Salle du Beith Ha'hayal était comble, au point que nous avons du refuser l'entrée à quelques 70 personnes qui ne s'étaient pas inscrites à temps, leur promettant de tout coeur "à la prochaine".
Stanley Urman des Etats-Unis, Directeur de la JJAC (Justice for Jews from Arab Countries), fondée il y a 3 ans aux Etats-Unis – donna un apercu sur les buts de cette importante Association, qui seraient entre autres d'exiger auprès du Sénat Américain ainsi qu'auprès de l'ONU, qu'à chaque fois que sont exprimés les mots "Réfugiés Palestiniens" soient aussi pris en considération les "Million de Réfugiés Juifs de Pays Arabes". Mr. Urman a ajouté, que la JJAC est déja en contact à ce sujet avec les Autorités de certains pays Arabes.
L'Avocat Jean-Claude Nidam, Chef du Département des Droits des Juifs de Pays Arabes au Ministère de la Justice, exprima en quelques mots l'importance de nos témoignages, non seulement pour la mémoire de nos parents qui ont subi ce traumatisme, mais aussi pour la mémoire de la Communauté glorieuse et florissante des Juifs d'Egypte, qui n'existe pratiquement plus.
Le clou de cette manifestation était un film documentaire professionnel de 30 minutes, produit par Levana Zamir et projeté en Première à cette Journée, apportant l'Histoire et les péripéties de notre Exodus, commencant par les images glorieuses de la Communauté d'avant 1948, dont émanent le plaisir de vivre aussi bien que la quiétude financière qui etait le lot de la plupart d'entre nous – pour arriver à la "chasse au Juif", les pogroms au quartier Juif du Caire, les arrestations en masse, les insultes, les attentats, les discriminations, les prisons, l'exil forcé en quelques jours ou en quelques heures délaissant touts nos biens - jusqu'à faire vider l'Egypte de ses Juifs.
La triste fin de cette glorieuse Communauté que furent les Juifs d'Egypte, est non seulement notre Histoire, mais celle du Peuple Juif dans son entité. Celle aussi d'un million de Juifs Orientaux, qui payèrent bien cher le prix de la Fondation bénéfique sinon messianique de l'Etat d'Israel, que la plupart des pays Arabes ne veulent pas encore accepter. Comme le dit si bien Bat-Yé'or dans son livre "Yéhoudei Misrayim", les pays Arabes auraient bien voulu garder leurs Juifs chez eux en tant que "Dimhi" (citoyens payant pour etre protégés par l'Etat) ne fusse que pour continuer a déveloper leurs pays respectifs.
Après la projection de ce film, simple, sans exagération et criant de vérité, les participants s'identifièrent et témoignèrent chacun à sa facon, sur leur propre sortie d'Egypte.
Afin de démontrer qu'un témoignage aussi dur soit-il, peut etre fait oralement en deux minutes, une présentation fut faite au micro par: Samuel Cohen, Lucie Calamaro (née Belbel), Ernest Abada, Esther Bar-David (née Galanti) et Levana Zamir (née Vidal).
Les participants continuèrent, qui par écrit et qui par enregistrement oral, témoignant des atrocités subies, des discriminations et des atteintes aux droits de l'homme, marquant leur sortie d'Egypte. Meme ceux qui croyaient avoir quitter l'Egypte de leur propre gré, comprirent finalement que leurs parents avaient quitté à cause du climat négatif et discriminatoire envers les Juifs, et le manque d'avenir pour leurs enfants dans ce pays. Aussi, ceux qui croyaient n'avoir pas délaissé de biens en Egypte, comprirent qu'ils avaient été déracinés et que leurs parents avaient été obligés de quitter une vie relativement aisée, pour devenir des réfugiés et vivre en exil quelque part dans le monde.
Etant pleinement conscients que nous n'aurions pas voulu vivre dans l'Egypte d'aujourd'hui, nous sommes tout aussi bien conscients que nos racines sont restées là-bas, dans cette Egypte qui n'existe plus que dans nos coeurs et notre mémoire.
Les 300 témoignages receuillis, feront l'effet d'un livre qui sera édité dans les mois à venir, et sera distribué dans les écoles et librairies Universitaires. Aussi - ces témoignages, ou chaque participant se devait d'inscrire la profession de son père en Egypte, font déja partie d'un travail de recherche – prouvant le contraire d'une citation mal basée et recopiée automatiquement dans certains travaux universitaires, comme quoi les Juifs d'Egypte venus en Israel étaient pour la plupart financièrement pauvres.
Quand au film documentaire sur la Sortie d'Egypte du 20ème Siecle, il sera projeté dans les écoles primaires et secondaires en Israel, par un groupe volontaire de notre Association.
Après l'excellent déjeuner de cette Journée bien rempli, Cecilia Cohen-Hemsi-Niza, présenta le livre NOTRE COMBAT, édité par son père Joseph Cohen-Hemsi en 1948 à Alexandrie. Ce livre qui avait été réquisitioné par le Gouvernement Egyptien dès sa parution, avait été aussi la cause de l'emprisonnement immédiat de Joseph Cohen-Hemsi au Camp d'Aboukir en Septembre 1948. Ce livre contient des articles écrits par Joseph Cohen-Hemsi et publiés dans divers journaux Egyptiens dans les années 1942-1947, sans que les Autorités Egytiennes n'y trouvent d' inconvénient aucun. Ces memes articles republiés en 1948, parlant de l'antisémitisme sévissant en Europe – contrairement aux liens fraternels entre Juifs et musulmans en Egypte - comme le déclarait si bien Azam Pacha, Secrétaire de la Ligue arabe en 1947, se trouvèrent hors la loi en 1948… Sharon Nizza, de l'Université Hebraique à Jerusalem, présenta sa Thèse sur le Débat Sioniste en Egypte des années '40, basée entre autres sur le livre "Notre Combat".
En fin de Journée, et après un bonne pause de café-gateaux bien meritée, nous sommes passés à la nostalgie, aussi incomparable qu'incompréhensible des Juifs d'Egypte - avec la projection de très belles chansons de Layla Mourad dans son film "Yehia el-Hob", receuillies par Joseph Hakim de Jerusalem. A aussi été projeté un film de 20 minutes sur les "derniers mohicans" des Juifs d'Alexandrie, réalisé en 2001.
Le but de cette Journée a donc été pleinement atteint, sur le plan Historique aussi bien que sur le plan affectif des Juifs d'Egypte en Israel.
La chaine no. 1 de la Télévision Israelienne en arabe, qui était venue filmer et inteviewer quelques participants, a diffusé un très bon reportage sur notre Journée, le Samedi soir 17.2.2007, entre 19:00 et 19:30. Cette chaine est d'autant plus importante, car les dirrigeants des pays arabes y sont très à l'écoute.